• Interview de Quentin, de Record Station.
    Le 10 avril 2014 - Record Station (13 rue des Récollets - 75010 Paris)
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    On croit entrer dans une étroite boutique de vinyles, et c'est en fait à un univers musical dense et étendu que l'on accède. Quentin, le fondateur et responsable de Record Station, nous y accueille pour une interview chargée de culture pop, rock, soul, jazz. En clin d’œil au disquaire du roman "High Fidelity", nous avons terminé par une série de tops, un exercice auquel tous les fans de musique devraient se plier !

    La communauté pop indé : interview de Record Station (10 avril 2014)

    Baptiste & Gérald : Quelle est l'histoire de Record Station ? Quand as-tu démarré l'aventure ? Qu'est-ce qui a motivé l'ouverture d'une boutique spécialisée dans les vinyles ?
    Quentin : Ca a démarré en 2009. C'est vraiment le fruit d'un fantasme. C'était ma cour de récré du samedi car je faisais ça en plus de mon boulot. Je travaillais dans une compagnie aérienne, j'allais souvent aux Etats-Unis, et c’est là-bas que je suis vraiment tombé dans l'univers des vinyles. En particulier les disques de soul. J'avais aussi l'envie d'avoir un endroit dans lequel écouter de la musique sans emmerder ma nana et les gens qui vivent avec moi : avoir une grosse discothèque quelque part, un lieu de partage musical. Et j'ai pris ce local. Au départ, je n'avais pas prévu que ça devienne un commerce : j'ouvrais juste le soir et le week-end. Et puis, ça a pris de l'ampleur car je ramenais de plus en plus de vinyles, une petite clientèle s'est créée par le bouche à oreille. Je n'ai pas eu besoin de faire de la communication et de la publicité ; et heureusement car ce n'est pas mon truc du tout (rires).

    B&G : Tu as démarré tout de suite dans le créneau des pressages originaux ?
    Q: Oui car c'est ce que je chinais pour moi. Je recherchais des pressages américains. J'ai vu très vite la différence entre un pressage original et un pressage français ou européen lambda. Mon premier contact était assez charnel : la pochette du disque qui me plaisait, l'épaisseur du carton, les pochettes dépliantes, et tout l'artwork. Et ensuite le contenu : je me suis rendu compte de la richesse et de l'amplitude du son des pressages originaux. C'était vraiment cette passion que j'avais envie de partager. Depuis que j'ai ouvert le magasin, ma culture musicale s'est très nettement élargie au contact des autres, en discutant et en partageant avec les clients. La plupart de mes clients les plus fidèles sont là depuis le début. Et avec le temps ils ont fini par développer des liens ici entre les murs du magasin, autour de la platine, en cherchant et se conseillant des disques entre eux. Ils connaissent leurs goûts respectifs et leurs points communs. Pourtant, ils ne se voient pas en dehors de la boutique qui, à force de rencontres, est devenue comme un lieu de rendez vous pérpétuel. Je me retrouve acteur et spectateur de ces échanges et j'y prends beaucoup de plaisir.

    B&G : Ici, il y a un double enrichissement : toi qui fais découvrir des disques aux clients et aussi les clients qui te font découvrir d'autres disques. Il y a toujours cet échange ?
    Q: Non, pas tous. Parfois, les gens sont un peu gênés de dire qu'ils n'y connaissent rien. Alors qu'on a presque envie d'être à leur place et d'avoir toutes ces belles choses à découvrir. Le rapport à la musique est assez singulier et personnel : il y a des disques qui te marquent à une période donnée, d'autres qui te laissent indifférent à un instant T puis, quelques années après, en fonction de ta vie (parcours sentimental, doutes ou humeurs du moment, …), te parlent tout d'un coup. Par exemple, au départ, j'étais moins sensible à des univers musicaux tels que le punk, la new wave, la scène 80's. Quelqu'un comme Etienne Daho m'a aussi fait apprécier la French pop (Jacno, Stinky Toys, ...). Je me suis aussi mis au jazz, que je n'écoutais pas du tout quand j'avais 20 ans. Au départ, j'étais plus attiré par le rock 70's ou le rock 60's, le garage, le psyché. Bien sûr, j'écoutais Cure et Joy Division. Mais des groupes comme Echo & the Bunnymen, Jesus & Mary Chain, Television, les Modern Lovers ou même Alan Vega et Suicide, c'est venu plus tard, c'était moins évident.
    Mes premières grandes histoires musicales furent Dylan et les Beatles, le genre de liaison qui te suivent toute ta vie, il y a toujours un moment où tu y reviens et c'est comme retrouver des vieux amis. Par contre, quand j'ai ouvert le magasin, j'étais dans une grosse période soul : je n'écoutais quasiment que ça et c'est ce que je faisais naturellement découvrir aux gens, avec beaucoup d'enthousiasme.

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    B&G : Pour toi, qu'est-ce qui est important dans le vinyle ?
    Q: Le vinyle rematérialise la musique et permet de s'extraire du bruit de fond. L'instant vinyle, sans parler de pressages originaux, s'est recréé ces dernières années : c'est la rencontre d'un objet qu'on a dans les mains et d'un moment pendant lequel on se pose pour écouter de la musique. Le vinyle rend ainsi ses lettres de noblesse à un art qui s'était réduit à n'être qu'un produit de consommation.

    B&G : Comment trouves-tu les disques que tu vends dans ton magasin ?
    Q: Je n'achète quasiment jamais de disques en France. Une fois que tu as pignon sur rue, beaucoup gens te demandent de venir voir les disques qu'ils ont chez eux. Comme le vinyle revient à la mode, on se persuade vite d'avoir un trésor chez soi. Je me suis ainsi retrouvé dans des endroits improbables, entouré uniquement de disques de Claude François et de C Jérôme par exemple. Le genre de situation embarrassante dans laquelle tu as juste envie de leur dire d'ouvrir les fenêtres et de faire du frisbee. Cela ne m'empêche de jeter un oeil quand on m'amène des disques au magasin mais, compte tenu de mon parcours, j'achète principalement des disques aux Etats-Unis et en Angleterre où j'ai développé beaucoup de contacts. J'ai aussi quelques correspondants japonais et scandinaves que je rencontre en Europe. D'ailleurs au Japon, contrairement à ce qui s'est passé chez nous, le marché du disque ne s'est jamais effondré car ils ont toujours respecté les amateurs de musique, en faisant des belles éditions limitées, en repartant des masters d’origine pour avoir la meilleure qualité de son possible, en respectant scrupuleusement l'artwork d'origine (les couleurs, les inserts, …).

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    B&G : Qui sont tes fournisseurs ?
    Q : Au Etats-Unis, ce sont beaucoup de particuliers : des collectionneurs et des mélomanes  (souvent des retraités). Tous ces correspondants deviennent ainsi des relais. Je ne fais pas moi-même les brocantes ni les vide-greniers car ça me prendrait trop de temps. Il faut vivre sur place pour faire ça. Mes relais vont chiner, regardent dans les journaux locaux si des collectionneurs revendent leur collection, et me mettent de côté une pré-sélection. Une fois sur place, je vérifie l'état des disques qu'ils ont pré-séléctionnés et je fais ma sélection définitive. J'en profite aussi pour rencontrer des collectionneurs privés, aller dans des magasins spécialisés, des conventions et autre dépôts. Aujourd'hui ça se complique un peu car comme le vinyle revient à la mode, beaucoup d'opportunistes qui ne sont pas de véritables amateurs de musique se sont mis sur le créneau et vendent directement sur internet. Et inexorablement le pressage original est une source qui va se tarir ...

    B&G : Combien de temps pars-tu pour aller chercher des disques ?
    Q : Je pars entre trois jours et une semaine. Quand je travaillais pour une compagnie aérienne, j'avais plus de flexibilité et ça ne me coûtait pas très cher. Parfois, j'allais aux Etats-Unis juste pour ne pas manquer une vente, quand un correspondant m'avertissait qu'une collection allait être vendue rapidement. Ça m'a permis de constituer un stock important et de lancer l'affaire. Maintenant, j'ai un vrai fonds de roulement et je vais aux Etats-Unis moins souvent, deux à trois fois par an. J'alterne les voyages avec l'Angleterre, car c'est plus proche, donc plus pratique, mais surtout pour diversifier l'offre du magasin : les pressages anglais, avec leur son détaillé et leur pochette laminée, c'est un must. Mais aussi tout le mouvement Indie puis Britpop (80's et 90's). Les vinyles de la période Britpop (en gros 1991 à 2005) sont assez rares car il y avait très peu de pressages vinyles. Et puis, ces disques font partie du patrimoine anglais, donc ils tournent très peu, sont très recherchés en Angleterre et ne restent pas longtemps sur le marché.

    B&G : Tu as déjà fait un voyage uniquement pour un disque ?
    Q : Ca peut motiver un départ. Mais, avec mon réseau, je sais que je vais aussi me déplacer pour d'autres choses. Généralement, je connais très bien mes correspondants, il y a un vrai rapport de confiance et j'attends qu'ils aient suffisamment de choses intéressantes.

    B&G : Tu connais les autres disquaires parisiens ? Ou tu es sur un créneau trop particulier ?
    Q : J'ai toujours été très indépendant. Je connais très peu physiquement les boutiques parisiennes de vinyles. J'ai surtout appris à les connaître de nom par l'intermédiaire de mes clients. C'est assez lié à mon histoire personnelle : je gardais mon argent pour chiner pendant mes voyages aux Etats-Unis. Quand j'avais dix-huit ans, j'allais un peu aux Puces : j'y ai acheté l'intégrale de Sinatra, des Pink Floyd en pressage de couleur. Mais je ne fréquentais pas les boutiques spécialisées. Actuellement, je sais qu'une nouvelle génération de disquaires s'est installée, plutôt dans le créneau des rééditions et des nouveautés.

    B : La dernière fois que je suis venu dans ta boutique, tu m'avais dit que certains disques ici étaient vraiment rares et que, parfois, tu n'avais pas envie de les voir partir.
    Q : Ça arrive. Même s'il faut qu'ils partent aussi. Mais les trouver me procure déjà beaucoup de plaisir. Après si de bonnes mains s'en emparent c'est encore mieux. Et moi-même, j'ai des réflexes de collectionneur, avec tout le côté addictif qui va avec les vinyles et cette recherche pérpetuelle de nouveautés et de raretés. En plus de classiques que l'on se doit d'avoir en stock dans de belles éditions, j'essaye d'avoir des choses moins communes et moins évidentes à proposer, donc plus difficiles à trouver. Et, me concernant, c'est ce qui maintient la flamme quelque part. Ainsi, le fait de pouvoir acheter des vinyles pour plein de gens a un peu calmé mon addiction ; je déclenche maintenant des émotions par procuration, en trouvant des disques que des personnes recherchaient depuis longtemps.

    B&G : Comment est venue ta passion pour la musique ?
    Q : Mon père est compositeur de musique contemporaine. Donc, tout ce que j’écoute aujourd'hui, je n'avais pas trop le droit ou l'opportunité de l'écouter chez mes parents. Ma passion de la musique est née de rencontres, avec des amis, à partir du lycée. On dit souvent qu'un ami est celui qui aime votre style de musique. Je me rends compte qu'ici, des personnes qui viennent d'univers complètement différents et qui ne s'adresseraient pas la parole en dehors du magasin se mettent à discuter et à partager leurs coups de cœur musicaux. Ça facilite les liens et le contact. Parfois, sur certaines ventes, je n'ai même rien à faire : un client cherche quelque chose et un autre client se met à le conseiller.

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    B&G : Ta boutique nous fait bien sûr penser au roman de Nick Hornby « High Fidelity ». On va donc poursuivre avec des Top 5.
    Q : Oui, c'est exactement ça l'esprit de ma boutique. L'ambiance de « High Fidelity », ou d'une scène du film « Hairspray » de John Waters. Et pour la petite anecdote, à Baltimore, une ville que je connais très bien, il y avait un disquaire soul qui m’a beaucoup marqué : quand tu rentrais dans cet endroit, tu te retrouvais transposé dans une autre époque, avec des gens apaisés, sans méfiance.

    B&G : Top 5 des plus belles pochettes d’albums ?
    Q : - Le premier Elvis Presley, pour ce qu'il représente, aussi pour le fait que les Clash ont repris cette pochette pour « London Calling ». Et, dans l'édition originale, il y a un truc particulier dans les couleurs, qui donnent un effet de profondeur et de 3D. Et il y a eu tellement de rééditions de cet album. J'ai d'ailleurs longtemps cru avoir l'original et, quand j'ai visité Graceland, en voyant les pochettes des albums qui sont exposées, je me suis rendu compte tout de suite que je n'avais jamais eu l'original. Depuis, je l'ai trouvé plein de fois, même s'il fait partie des disques les plus rares que j'ai vendus !
    - Ahmad Jamal, « Listen ». Ce disque n'est pas son plus connu, ni même réputé comme étant son meilleur. Mais cette pochette est juste une invitation à s'adonner à ce bonheur qu'est l'écoute d'un disque.
    - Chet Baker, « Chet Baker & Strings ». Mais il y a tellement de disques de Chet Baker qui fixent votre attention, ne serait-ce que pour leur pochette.
    - Terry Callier, « What color is love ». En plus d'être un disque splendide (pourtant pas mon préféré de l'artiste, ce serait plutôt « Occasional Rain » pour ma part), cette photo illustre tellement bien l'intimité et le moment de quiétude que constitue l'écoute d'un disque comme celui-ci.
    - The Smiths, « The Queen is Dead », pour le côté iconique avec Delon sur la photo. Toutes les pochettes des albums des Smiths sont magiques.

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    B&G : Top 5 des albums les plus rares que tu as vendus ?
    Q : - Le premier 13th Floor Elevators, « The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators ».
    - The Kinks, « The Kinks Are the Village Green Preservation Society », en édition UK mono.
    - O.V. Wright, « A Nickel and a Nail and Ace of Spades »
    - Le premier David Bowie, celui où il a une coupe de cheveux mod. Un album surtout connu des fans les plus ardus de Bowie.
    - Syl Johnson, « Dresses too short ».

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    B&G : Top 5 de tes albums décisifs ?
    Q : - Nina Simone, « Here comes the sun ».
    - Le premier Velvet Underground.
    - Bob Dylan, « Highway 61 Revisited ».
    - Pulp, « This is Hardcore ».
    - O.V. Wright, « The Bottom Line ».

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    B&G : Top 5 des albums que qui ne sont pas encore dans ta collection ou dans ton magasin mais que tu rêverais d'avoir ?
    Q : Les disques suivants, si je les rentre dans le magasin, ça me posera un vrai problème de conscience pour savoir si je les vends !
    - Howlin Wolf, « Moanin' In The Moonlight »
    - Nick Cave, « Let Love In »
    - The Sonics, « Here Are The Sonics ». Je l'ai déjà vu une fois, mais malheureusement pas en bon état et à un prix exorbitant ...
    - The Deviants, « Ptooff! »
    - Lee Moses, « Time and Place », avec le morceau Bad Girl, qui est revenu à la mode car il passe quasiment en intégralité dans le film « L'Apollonide ». Un disque maudit car le premier label sur lequel il est sorti a fait faillite peu de temps après. Donc, il y eu peu d’exemplaires originaux. Et, plus tard, le label anglais qui a sorti une réédition a aussi coulé. Cet album est très dur à trouver et très très cher.

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    B&G : Top 5 des albums récents (5 ou 10 dernières années ) ?
    Q : - Le dernier Daho, « Les Chansons de l'innocence retrouvée ». C'est une évidence. Cet album est magnifique.
    - Le premier Pete Doherty, « Grace/Wastelands », produit par Graham Coxon. D'ailleurs, c'est Graham Coxon le génie de Blur. Tous ses albums solo pourraient être dans ce top 5, en particulier « Happiness in magazines » et « The Kiss of Morning ».
    - Last Shadow Puppets, « The Age of the Understatement ». Le dernier Miles Kane (« Don’t Forget Who You Are ») est d'ailleurs très bon, bien meilleur que son premier album. Je préfére Miles Kane à Alex Turner, j'aime cette énergie mod qu'il dégage.
    - Le dernier Dr. John, « Locked Down », produit par Dan Auerbach des Black Keys, qui confirme que ce vieux son vaudou suave de la Nouvelle Orléans est intemporel.
    - Le dernier Nick Cave, « Push The Sky Away ». Un artiste à part.
    Le dernier BRMC m'a énormément plu aussi et est à mes yeux leur plus abouti. J'ai aussi beaucoup aimé les derniers Suede et Primal Scream, même si ce ne sont pas leurs meilleurs albums. Leurs concerts parisiens en 2013 étaient géniaux.

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    B&G : Top 5 des morceaux French Pop ?
    Q : - Serge Gainsbourg, Variations sur Marilou.
    - Christophe, Le temps de vivre.
    - Michel Polnareff, Je suis un homme.
    - Jacno, Mauvaise humeur, extrait de l'album « Faux témoin », produit par Etienne Daho.
    - Etienne Daho, L’Homme qui marche.

    B&G : Dans les groupes français actuels, quels sont ceux que tu apprécies et qui t'ont marqué ?
    Q : J'aime bien le virage qu'ont amorcé les BB Brunes sur leur dernier album, je trouve qu'Adrien Gallo a d'ailleurs un vrai talent d'écriture. L'album d'Aline (« Regarde Le Ciel ») est très bon, superbement produit par Jean Louis Piérot qui, à mes yeux, fait partie des meilleurs réalisateurs et arrangeurs en activité. J'ai aussi beaucoup aimé le Lescop et son atmosphère très Factory. Le dernier Coming Soon (« Tiger Meets Lion ») est assez innovant. J'ai été séduit par les morceaux J'appelle de Jérémy Kapone, qui a réussi à se construire un univers très personnel, et Ma Fiancée de Marc Desse, qui est très intéressant. Il y aussi un jeune groupe,  Mondo, dont le futur album « Abracadabra » est prometteur.

    B&G : Top 5 des chansons à écouter quand il pleut ? [précisons que nous avons préparé ce questionnaire par une journée pluvieuse ...]
    Q : - Morrissey, Everyday Is Like Sunday
    - Blur, Under The West Way
    - The Ronettes, Walking In The Rain
    - Sinatra, It Was A Very Good Year
    - Travis, Why Does It Always Rain On Me ?


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  • « Unknown pleasures – Joy Division vu de l'intérieur », de Peter Hook, aux éditions Le Mot et Le Reste, janvier 2013, traduction de Suzy Borello
    Par Gérald PETITJEAN.

    "Unknown pleasures : Joy Division vu de l'intérieur", Peter Hook, éditions "Le Mot et le Reste"

    Here are the young men, the weight on their shoulders”. Ainsi commence Decades de Joy Division, ce groupe formé par des jeunes hommes vivant dans l’Angleterre postindustrielle de Thatcher, qui jouaient une musique froide, avec tout leur cœur et toute leur âme, mêlant rythmiques répétitives jusqu’à la transe, basse mélodique,  batterie martiale, guitares héritées du punk, nappes de synthé, et chant sépulcral. Des jeunes hommes qui allaient bouleverser la musique pop et influencer les générations suivantes.

    Peter Hook, qui fut le bassiste de Joy Division, nous raconte dans « Unknown Pleasures : Joy Division vu de l’intérieur » la brève histoire de ce groupe, de 1976 à 1980. Cette autobiographie se lit comme un roman d’Irvine Welsh ou de John King : le portrait de garçons de Manchester, qui montent un groupe pour s’amuser et vivre la période punk, loin de l’image arty et intellectuelle de Joy Division. Par ailleurs, les fans de Joy Division seront comblés par la chronologie détaillée, avec les setlists et les commentaires de presque tous les concerts du groupe.

    Ainsi, Peter Hook, avec une langue pleine de vie, beaucoup d’humour et parfois un peu de vacherie, nous décrit son enfance, l’envie commune avec Bernard Sumner de monter un groupe punk suite à un concert des Sex Pistols, leur rencontre avec  Ian Curtis (« un gamin avec écrit 'Hate' sur sa veste »), la quête d’un batteur jusqu’à ce que Stephen Morris les rejoigne, les premières tensions avec Bernard Sumner, les rivalités avec d’autres groupes du moment, la naissance de Factory, les difficultés à alterner boulot la journée et musique la nuit, … L’atmosphère de l’époque et l’ambiance des concerts est ainsi parfaitement restituée ; on y croise d’autres grands noms du punk finissant et de la new wave balbutiante (The Sex Pistols, Johnny Thunders & the Heartbreakers, The Buzzcocks, The Sranglers, The Durutti Column, Morrissey, Cabaret Voltaire, Echo & the Bunnymen, The Fall, The Cure, The Jam, Killing Joke, Orchestral Manœuvres in the Dark, Throbbing Gristle, …).

    Extrait : The Jam passaient le même jour que nous. Je me souviens que, pendant notre tour, Paul Weller est venu me voir pour me demander « Vous êtes le groupe de première partie ? »
    J'ai pensé : « Tu te prends pas pour de la merde, espèce de connard. »
    (…) Il était toujours persuadé que les groupes qui jouaient avec The Jam étaient leur « première partie ». Désolé mon pote, nous on est Joy Division.

    Et puis, au fur et à mesure que le groupe enchaîne des concerts de plus en plus impressionnants (même si ces concerts sont souvent donnés devant des publics très clairsemés), qu’il  invente un nouveau son avec l’aide du sorcier Martin Hannett, la santé du chanteur Ian Curtis décline, avec, entre autres, des crises d’épilepsie de plus en plus fréquentes, et une vie personnelle de plus en plus compliquée.

    Extrait : Martin a mixé Unknown Pleasures à sa façon. (…) Barney et moi, on a détesté. On trouvait ça trop faiblard. (…) Aujourd'hui, j'arrive à voir ce que Martin nous a donné, le plus beau cadeau qu'un producteur puisse offrir à un groupe. Il nous a donné l'intemporalité. C'est ce qu'est Unknown Pleasures : un album hors du temps. Pensez à tous les millions d'albums inspirés par lui qui, eux, ont vieilli, alors qu'Unknown Pleasures n'a pas pris une ride.

    Peter Hook, nous fait parfaitement ressentir la situation dans laquelle se trouve le groupe, inquiet et devinant le mal-être de Ian Curtis, mais sans se rendre vraiment compte de ce qui se passe. Ian Curtis se suicide juste avant le départ pour une tournée aux USA, et avant le succès de Joy Division (sortie de leur deuxième album « Closer », et du single Love will tear us appart). Les dernières pages, très sobres, laissent apparaître les interrogations et l’émotion de Peter Hook, qui ne l’ont probablement pas quitté depuis plus de trente ans.

    Extrait : « Bon sang, ces paroles, vous les écoutiez depuis des semaines … comment vous avez fait pour ne pas vous rendre compte qu'il était au plus bas ? » Mais non, on ne s'en rendait pas compte. (…) Je crois que c'est là que repose la contradiction : d'un côté, il était malade et vulnérable ; de l'autre c'était un dieu du rock qui hurlait tout ce qu'il pouvait.

    Sur la base de quelques morceaux de Joy Division (In a lonely place et Ceremony), Peter Hook, Bernard Sumner et Stephen Morris, accompagnés de Gillian Gilbert, formeront New Order et révolutionneront la musique pop une deuxième fois. Mais c’est une autre histoire. On espère que Peter Hook nous la racontera bientôt … Et toujours chez « Le Mot et le Reste », dont la ligne éditoriale autour de la musique est absolument remarquable et de grande qualité (« In a lonely place – Ecrits Rock » de Michka Assayas, « Tomber sous le charme – Chroniques de l'air du temps » de Dominique A, …).


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  • Interview de Cléa Vincent
    07 avril 2014 – Paris (Le Pop In)
    Par Baptiste PETITJEAN.

    Interview de Cléa Vincent (07 avril 2014)

    Je retrouve Cléa Vincent devant le Pop In en fin de journée et Denis arrive en même temps pour lever le rideau de fer. Cléa a joué plusieurs fois dans la cave de ce bar, y compris lors des sessions libres du dimanche soir. Elle nous a accordé une interview qui lui ressemble : sincère, directe, légère et fantaisiste.

    Cléa Vincent : Déjà, merci de m’avoir donné rendez-vous ici au Pop In. C’est vraiment un endroit important pour moi. C’est là que j’ai commencé : j’y ai fait mon premier concert en juin 2010. J’ai également participé aux scènes ouvertes du dimanche. C’est la première fois que je fais une interview ici, ce lieu évoque beaucoup de choses. Et tous mes potes artistes jouent là aussi : Kim [Giani], Natas Loves You, Baptiste W. Hamon, My Broken Frame. C’est plutôt en anglais, sauf pour Baptiste – même s’il avait commencé ici au Pop In avec des morceaux country en anglais – et plutôt pop indé. Le Pop In est comme une maison d’artistes, un repaire pour se rencontrer, monter des groupes. Le dimanche soir, pour les scènes ouvertes, tu peux avoir dix ou douze groupes qui passent à la suite ; ensuite il suffit de repérer les siens, ses frères, pour former sa petite famille. D’ailleurs, je me souviens qu’à la fin de ma première scène ouverte, Kim est venu me voir, et il m’a dit que ma musique lui faisait penser à Dick Annegarn, un chanteur belge qui est plutôt connu de nos parents. Ce n’est pas une référence évidente, et le fait qu’il me compare à ce chanteur que j’adore nous a permis de commencer à écrire des chansons ensemble très vite après cela.

    Baptiste : Que penses-tu de l’étiquette« Gnangnan Style » [cf. article de Libération] que certains voudraient te coller ?
    CV : J’ai bien aimé que l’article mette l’accent sur la musique légère. Evidemment, ma musique est légère, je mets même un point d’honneur à ce que ma musique soit véritablement légère, easy, et un peu décalée. En revanche, les textes expriment des sentiments assez profonds. Alors « gnangnan » oui peut-être parce que je dis ce que j’ai sur le cœur. Après, forcément, si on compare la nouvelle génération French Pop à Jacques Brel et tous les chanteurs à textes, on écrit comme des brelles ! Mais on ne veut pas rivaliser avec cette scène-là. On est plus ouverts sur l’international. Les groupes qu’on écoute chantent en anglais. Alors on essaie probablement de mélanger nos influences : chanson française, musique anglo-saxonne, et musique brésilienne en ce qui me concerne. C’est clair qu’on ne fait pas du Edith Piaf !

    B : Le magazine Magic t’a référencée dans les singles du mois d’avril et te compare à Lio et Chagrin d’Amour.
    CV : Je trouve ces comparaisons très pertinentes ! Un tube comme Banana Split est bourré de sous-entendus, le texte est très provocateur. Un morceau comme Le Méchant Loup est un peu dans cet esprit-là : cela ressemble à un conte, une fable, mais un peu louche. Et puis j’ai une adoration pour Lio. Son histoire personnelle me touche beaucoup : son rapport avec sa sœur [Helena Noguerra], qui a été très présente quand Lio a eu des problèmes avec son ex-mari. Ce sont des filles très classes, avec beaucoup de profondeur.

    B : Tu crois à un succès populaire de la French Pop dans les prochaines années ? Peut-être avec des groupes comme La Femme et Mustang par exemple ?
    CV : Je souhaite de tout mon cœur que des groupes comme Mustang ou La Femme marchent aussi fort que Stromae. J’ai vu Mustang à la Machine du Moulin Rouge la semaine dernière, je les ai trouvés incroyables. Les textes sont magnifiques. Ils ont aussi beaucoup de charisme… Ça compte beaucoup le charisme. Le mec de Lescop est monté sur scène à un moment, et pareil, le type a une vraie présence, il a une gueule. Vraiment, ces gens-là m’impressionnent. Ce que je me dis aussi c’est que ces groupes-là sont des groupes assez jeunes, et que leurs amis qui peuvent être dans les médias vont finir par occuper des postes clés. En fait, c’est toute une génération qui va arriver et qui va probablement mettre la lumière sur ces nouveaux groupes et sur la French Pop. En tout cas, jusqu’à présent, je ne me reconnais dans aucun groupe qui passe à la télé. J’espère qu’il va y avoir une prise de pouvoir, un putsch (rires) de ces nouveaux groupes. Et ça commence à bouger : La Femme a obtenu une Victoire de la Musique cette année. Il y a vraiment une nouvelle scène pop française de qualité, de vrais talents, avec des groupes très attachants qui nous font un peu rêver, qui nous emportent.

    B : Tu participais avec Mustang et The Pirouettes (entre autres) à la soirée Colette organisée le 14 février dernier, comment cela s’est-il fait (cf. live report de la soirée Saint Valentin à la Gaîté Lyrique) ?
    CV : Colette, ce qui les caractérise, c’est l’avant-gardisme. Alors ils repèrent pas mal de groupes, parfois même des groupes étranges. Ils mettent un point d’honneur à prendre le risque de diffuser des formations parfois même « chelou ». Ils sont très sélectifs pour les artistes qui participent à leurs soirées. En ce qui me concerne, il y a trois ans, j’avais enregistré des reprises de bossa nova avec le label Midnight Special Records, et ils nous avaient intégré dans une de leur music box. Le Directeur artistique musical de Colette, qui est un type qui a les oreilles partout, hyper cultivé, a repéré le petit label de Victor [Peynichou, directeur du label Midnight Records] et il nous a découverts via ces reprises de bossa nova. C’est un vrai chercheur de groupes.

    B : Tu viens d’achever une petite tournée européenne, c’était comment ?!
    CV : Ce qui est génial avec ce label, c’est qu’on est une toute petite équipe : on s’occupe ensemble de la production, de l’enregistrement, des tournées. Victor et moi-même avons donc tous les deux passé des coups de fil à des salles, à des programmateurs, etc, pour organiser cette tournée. Il y a un côté multi-task dans ce label que j’adore. Au final, on a tourné environ un mois entre février et mars, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, et en France bien sûr, dans des équivalents du Pop In en fait ! On a choisi des bars un peu comme ici, avec de la bière à foison (rires) et des groupes sympas avec lesquels on a partagé le plateau.

    B : Une anecdote sur un concert au Pop In ?
    CV : J’en ai même plusieurs des anecdotes, car le dimanche soir tu vois défiler un paquet de personnes ! Parfois, tu as des gens qui viennent et qui font des « performances », au lieu de venir chanter une chanson. Ça peut être bizarre, il y aurait des choses glauques à raconter ! Après, tu as des moments intéressants, quand une personne monte sur scène et capte tout de suite l’attention, les regards. Ces différences de charisme sur scène sont cruciales.

    B : Qu’attends tu de cette année 2014 ? Quid de la sortie de la deuxième partie de ton EP « Non Mais Oui » ?
    CV : Pour le prochain EP, ce sera effectivement la deuxième partie de « Non Mais Oui », que je ferai avec Midnight. Et ensuite j’aimerais bien autoproduire mon album, mais je n’y suis pas encore, ce sera plutôt pour 2015. Malgré tout, j’ai des idées précises sur la façon dont je veux le faire, probablement dans un plus grand studio, avec la participation de Midnight.
    Pour ce qui est du premier EP, j’ai eu beaucoup d’encouragements, beaucoup plus que ce que j’aurais imaginé. C’est comme si j’avais été un peu repérée et que maintenant certaines personnes attendaient de voir ce que je vais devenir. Il y a un côté carrément pressurisant ! Tu ne peux plus te permettre de faire des bêtises. On commence à être joué en radio, à être invité à des soirées concerts, à faire des interviews. C’est génial, ça encourage à continuer de travailler.

    B : Il y a un regain d’intérêt pour la pop en français depuis quelques années. En ce qui te concerne, pourquoi avoir choisi de chanter en français ?
    CV : Ce n’est pas seulement parce que mon accent est mauvais (rires), si c’était que ça, ce ne serait pas bien grave. C’est plutôt une question d’aisance dans l’écriture. J’ai toujours été nulle en anglais. D’ailleurs je me rappelle d’un truc : lors de ma première année de fac d’économie, on m’a rendu mon premier devoir d’anglais, et j’ai eu 4/20. J’ai appelé ma meilleure amie limite en pleurs et je lui ai dit : « Cécile, je suis dégoutée, je ne comprends pas, j’ai eu 4/20 ». Et là elle me fait : «  Mais Cléa t’as toujours été nulle en anglais ! ». Il y a une complexité quand même, je suis désolée, dans cette langue ! Je suis plus à l’aise en espagnol. Les temps en anglais… Je me paume complètement.

    B : il y a « All That She Wants » [reprise d'un tube des années 1990 d'Ace of Base] tout de même sur ton EP.
    CV: Oui c’est vrai. Mais ma meilleure pote qui est américaine m’a quand même dit : « Cléa c’est quoi cet accent ?! ». Bon, depuis elle l’écoute en boucle, ça va. Je pense qu’on s’habitue à l’accent. J’ai repris ce morceau en écoutant les conseils du batteur avec qui je travaille. C’est un morceau suffisamment ancien pour être repris, mais en même temps il est dans le coup.

    B : Tu as donc arrêté la fac pour te consacrer à la musique ?
    CV : J’ai fait une licence d’éco, après je me suis inscrite en master. Et j’ai abandonné, j’ai complètement craqué. J’étais ailleurs. J’étais entourée de bosseurs de oufs qui voulaient être dans la finance, banquiers … Moi, j’étais dans la musique, je me sentais top différente, complètement à l’ouest. C’était compliqué à vivre pour moi.

    B : Tu peux nous parler un peu de ton background musical ?
    CV : Je ne joue que du clavier. Et je compose aussi un peu sur logiciel, qui est un type d’instrument comme un autre, finalement. J’ai commencé à faire des chansons parce que j’ai redoublé ma licence, j’ai donc eu six mois sabbatiques, c’était en 2007. J’étais seule chez moi, et pendant un semestre, j’ai complètement badé, en plus j’étais en plein chagrin d’amour ; l’horreur quoi. J’ai passé mon temps à écrire des chansons tristes. Mais c’est un peu hors-temps maintenant, j’ai du mal à me revoir à cette période-là. Ceci dit, à l’époque, je vivais une vraie course-poursuite de l’amour (rires), c’était l’échec ! Ça me faisait beaucoup écrire. J’aimais – j’aime toujours d’ailleurs – le jeu amoureux, la séduction. J’adorais – j’adore toujours ! – l’amour impossible. J’adore courir après des trucs que je n’atteindrai jamais. Et ça, ça m’inspire plein de chansons. Je me suis trop ‘attaquée’ à des personnes qui ne s’attachaient pas, qui pouvaient courir dix-huit lapins en même temps. C’est un peu ce que j’appelle des muses : ce sont des personnes qui n’appartiennent à personne !

    B : Et il y a eu Cléa et les Coquillages aussi ?
    CV : C’était un projet parallèle à ce que je faisais en solo. C’était un groupe de reprises de chansons en français des années 60 et 70, plutôt en bossa nova. On était six sur scène, on a beaucoup joué ensemble. On avait même joué au carnaval Colette dans le jardin des Tuileries. C’est un groupe qui n’est pas fini.

    B : Tu adores la bossa non ?
    CV : C’est à cause du Brésil – même si je n’y suis jamais allée ! Leurs chanteurs me fascinent : Gilberto Gil, Jorge Ben Jor, Caetano Veloso. Ce sont des songwriters géniaux. Je pense que ce sont les meilleurs du monde. C’est pour cela que je suis si captivée. Ils montent sur scène comme on va se brosser les dents ! Ils sont toujours en marcel et tongs, et ils viennent exploser une chanson devant des milliers de personnes.

    B : Quels ont été les rencontres et les moments décisifs de ta jeune carrière ?
    CV : Il y a le Pop In, bien sûr. Tout est parti d’ici. Il y a eu aussi ma rencontre avec Jan Ghazi, un excellent directeur artistique. Il m’avait fait signer chez Polydor. C’est quelqu’un qui me suit, et qui me donne des conseils. Et puis ma rencontre avec Victor Peynichou, qui me délivre d’excellents conseils. Je pourrais aussi parler de mon père. Je le voyais un week-end sur deux. Et il me faisait des cassettes audio de jazz pour patienter. Ces cassettes constituaient une sorte de lien affectif …

    B : Le titre de ton EP « Non Mais Oui » peut être compris de plusieurs manières : obstination, indécision et caprice. Ou bien c’est un mélange des trois ?
    CV : « Non Mais Oui » résume bien ce qu’est l’insouciance : je ne réfléchis pas à ce que je ferai demain. « Non », parce que cela peut sembler déraisonnable de faire de la musique, mais « Oui » parce que je m’en fous, c’est ce que j’ai décidé de faire de ma vie. « Non mais oui » c’est aussi l’indécision. On est face au doute tous les jours quand on fait de la musique. Ce qui ressort de mes chansons c’est donc l’insouciance, mais aussi une sorte de sensualité. La sensualité, ça m’intéresse (rires) ! C’est toute la vie, on est tous là pour ça je pense… Enfin peut-être pas tous (rires). Après, quand je parle de sensualité, je pense plus à l’amour. L’amour c’est mon objectif n°1 dans la vie ! C’est hyper beau, et j’ai envie que ça marche, j’ai envie de tout donner pour ça ! Et en ce moment je me pose une question : concrètement, la vie de famille est-elle compatible avec le fait de faire de la musique ? Est-ce possible de faire les deux correctement ? Je crois que je me pose ces questions aussi car dans ma famille il n’y a pas d’artistes. Je suis la première à avoir suivi cette voix, il faut être un peu zinzin quand même. En même temps, je ne sais même pas si se poser ces questions sert à quelque chose …

    B : Cléa, on va maintenant faire une interview "Dernier coup". Dernier coup de coeur ?
    CV : La musique de Ricky Hollywood. C’est une bête de scène en plus. Bref, il déboîte !

    B : Dernier coup de blues ?
    CV : Après la tournée européenne, vers mi-mars. C’était affreux ! On a joué tous les soirs pendant un mois. En rentrant, j’ai eu deux jours off, et je les ai passés à pleurer !

    B : Dernier coup de fil ?
    CV : C’est Victor, on s’appelle toutes les cinq minutes

    B : Dernier coup de gueule ?
    CV : J’en ai beaucoup en ce moment. Mais il y en a un que je regrette : je me suis énervée avec un vigile récemment, pour rien en plus. C’était pendant mon concert aux Trois Baudets : il ne m’a pas laissé passer alors que je jouais le soir-même. Du coup ça m’a beaucoup énervée. Mais après, je me suis senti minable, et j’ai pleuré (rires) !

    B : Dernier coup de rouge ?
    CV : Au Cosmo, à Arts et Métiers. J’étais avec mon amie la plus proche, qui m’a fait des confidences incroyables … !


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  • Interview de Denis QUELARD, du Pop In.
    Le 26 mars 2014 - Pop In (105 Rue Amelot - 75011 Paris)
    Par Baptiste et Gérald PETITJEAN.

    La communauté pop indé : interview du Pop In (26 mars 2014)


    Depuis maintenant 17 ans, on peut écouter au Pop In toute la musique qu'on aime (et ce n'est pas du Johnny ...), rencontrer d'autres passionnés de pop, discuter autour d'un ou plusieurs verres. Dans la cave du Pop In, des concerts (gratuits) sont organisés presque tous les soirs : vous pourrez y voir des groupes débutants, dont certains feront bientôt parler d'eux, et, si vous avez un peu de chance, des grands noms de la pop. Le Pop In, c'est aussi un label (Pop In Records), qui édite régulièrement un 45 tours vinyle, avec, en face A, un inédit d'un groupe créé spécialement et, en face B, une reprise. Bref le Pop In est un lieu mythique et fédérateur de la communauté Pop Indé. Nous avons donc rencontré Denis Quélard, un des fondateurs, afin d'en savoir plus l'histoire du Pop In et sur son formidable rôle de tremplin.

    Petite anecdote : en arrivant au Pop In, nous avons pu vérifier par nous-mêmes que bière et pop sont intimement liées puisque Denis était en pleine réparation des tireuses à bière !

    La communauté pop indé : interview du Pop In (26 mars 2014)

    Baptiste & Gérald : Denis, peux-tu nous parler de l'aventure Pop In ? Comment est-ce que cela a commencé ?
    Denis : Avec mes deux associés, Marc et Florence ; nous étions copains depuis longtemps. Moi, je travaillais dans la banque, c'était un boulot hyper chiant. Et puis, un jour, des collègues m'ont dit qu'une nouvelle fille allait arriver dans le service et qu'elle devrait me plaire, car ils savaient que j'étais un peu rock’n’roll, que je n'étais pas trop dans le style JP Morgan et Place Vendôme. Et effectivement, cette fille arrive, avec des cheveux longs mais complètement rasés autour : c'était Florence, elle était fan de Siouxsie et de Cure. On est devenus potes assez rapidement et on est allés à plein de concerts ensemble. Lors d'un concert à la Loco (maintenant la Machine du Moulin Rouge), on a rencontré Marc qui avait une magnifique coupe au bol à la Oasis. Puis Florence et Marc sont sortis ensemble et ont eu deux enfants. Voilà ! A l'époque, on a fait tous les concerts de britpop : Blur, Oasis, Lush, Pulp, Ride, etc. Et après chaque concert, à chaque fois, on voulait aller boire un verre et on se disait qu'il n'y avait pas un bar à Paris dans lequel tu pouvais écouter ce genre de musique. C'est comme cela que l'idée d'ouvrir un bar a germé. Puis de mon côté, j'en ai eu marre de la banque, ils étaient en train de virer des tas de gens … Alors on s'est dit que c'était le moment de se lancer.

    B&G : C'était en quelle année ?
    D: On a ouvert en mai 1997. L'aventure a été un peu compliquée. On a acheté une licence IV avant d'avoir le lieu. C'est complètement atypique, normalement on ne fait jamais ça. Et on a trouvé le local du Pop In, qui était une ancienne agence d'intérim. Franchement, ça ne ressemblait à rien : quand on a commencé les travaux, certaines personnes pensaient qu'on allait ouvrir une pizzeria ! D'autres nous disaient que ça ne marcherait jamais. On a fait tous les travaux nous-mêmes, de décembre 1996 à mai 1997 : ça a été assez long car on était loin d'être des experts en bricolage. Il y avait aussi toute l'isolation à faire et on a pris un spécialiste pour cela. L'anecdote drôle à ce sujet, c'est que l'isolation a été faite par un gars qui avait un studio de répèt’ ; avec l'argent qu'il a gagné en faisant l'isolation dans des bars, il a produit une artiste qu'il nous décrivait comme géniale. Nous avons donc indirectement contribué aux débuts de … Lââm ! Ensuite, encore une anecdote assez drôle, c'est par mon coiffeur, qui connaissait un journaliste de Magic et qui savait que je faisais beaucoup de concerts, que nous avons rencontré toute la bande de Magic. C'était un journal que nous aimions beaucoup et qui était très important, avec les Inrocks, à l'époque où les Inrocks parlaient encore de musique. En août 1997, à la Route du Rock, tout ce petit milieu qui gravitait autour de Magic a commencé à propager la nouvelle concernant l'ouverture d'un bar pop à Paris. Ils ont tous débarqué ici, Robert Alves a commencé ses DJ sets chez nous, et ça a fait boule de neige. Ensuite, avant que notre bar tourne vraiment, il a fallu environ un an.

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    L'autre élément très important a été la création, en même temps que notre bar et sans qu'on les connaisse, d'une association qui s'appelle « les Pop In Gays ». En gros leur message, c'était : "on est pédés, mais on en a marre d'être assimilés à Mylène Farmer ; nous on écoute de la pop anglaise et on est fans des Smiths !". Je crois que leur nom venait d'un jeu de mot autour du mot anglais « popinjay » qui veut dire freluquet. Ils sont venus nous voir fin 97 : on trouvait marrant de s'appeler presque de la même manière. Du coup, tous les jeudis, on s'est mis à organiser les soirées « Pop In Gays ». Très vite, leurs soirées ont été blindées de monde. Ils ont aussi organisé des festivals et ils animent un site internet assez pointu en indie pop. Au bout de sept ou huit ans, il y avait trop de monde qui venait à leurs soirées et ils sont partis organiser leurs soirées dans d'autres endroits. On est toujours très copains avec eux. Toujours au rayon anecdotes, les Pop In Gays ont participé à un clip de Pete Shelley, l'ex Buzzcocks, qui était d'ailleurs assis pile où je suis assis en ce moment [ndlr, le petit canapé en cuir marron à l’étage, à côté de l’escalier]. J'étais fan des Buzzcocks et c'était marrant de voir cette légende du punk qui ressemblait à une vieille grand-mère et qui disait « Darling » à tout le monde.

    G: Je me souviens que l'ouverture du Pop In avait été très importante dans la communauté pop indé, y compris en Province. Il y avait même eu un petit article dans un numéro de Magic. On en avait aussitôt parlé avec un copain (Philou), qui était étudiant à Paris. Et j'étais venu exprès de Clermont-Ferrand, où je faisais mes études, pour qu'on aille ensemble au Pop In.
    D: L'équipe de Magic (Christophe Basterra, Nicolas Plommée, ...) a été très importante. Ils ont ramené des musiciens avec qui ils traînaient. Concernant la Province, c'est vrai que l'ouverture du Pop In avait été un petit événement. D'ailleurs, encore aujourd'hui, il y a un gars en Auvergne, qui nous envoie régulièrement des courriers écrits à la main : en janvier, il nous a envoyé une carte de vœux dans laquelle il nous demande quand le prochain disque « Pop In Records » va sortir. Et on ne l'a jamais vu, on ne sait pas s'il a 17 ans ou 40 ans.

    B&G : En 17 ans, comment ont évolué les choses pour la programmation musicale ? Est-ce que vous avez une ligne directrice ? Est-ce que c'est la découverte permanente ?
    D: Au départ, on passait vraiment de la pop : les Beatles, les Stones (mais plus les Beatles que les Stones), les Kinks, Blondie, Bryan Ferry, … Et bien sûr toute la vague britpop, qui était de la pop 60's retravaillée. Ensuite, les choses ont évolué : on s'est mis à l'électro, qui n’existait pas du tout en 1997. Au début du Pop In, pour les concerts, on ne faisait jamais jouer de groupes qui chantaient en français. Jusqu'en 2000 – 2005, tous les gens qui chantaient en français faisaient de la variété et pas de la pop, alors que, depuis quelques années, il y a un vrai renouveau de la pop chantée en français, qui est vraiment excitant, avec des jeunes gens modernes très influencés par les 60's et les années 80. Et j'en avais marre de programmer des groupes qui chantaient très mal en anglais et qui au final ne ressemblaient à rien. D'ailleurs, dans la programmation des concerts, il y a 40% de groupes qui viennent de l'étranger.

    B&G : Comment ça se passe pour contacter ces groupes ?
    D: En fait, ce sont eux qui me contactent. C'est un enfer car je reçois vingt à trente demandes par jour ; si je ne regarde pas ma messagerie pendant cinq jours, je me retrouve avec 250 mails à dépiler … Et je précise que je réponds à presque tout le monde. C'est un gros boulot ! Parfois, c'est très déprimant quand tu n'entends que des trucs de merde pendant une semaine. Mais il y a aussi des moments géniaux quand tu tombes sur cinq pépites dans la même journée.

    B&G : Est-ce qu'il y a des groupes qui n'étaient pas connus quand ils sont passés au Pop In et qui, depuis, ont percé ?
    D: Herman Düne. Ils sont venus au tout début du Pop In. C'était assez drôle car c'était un peu les folkeux de Herman Düne contre les popeux de Magic. Et cinq ou six ans après, Robert Alves de Magic a demandé à David, le guitariste-chanteur de Herman Düne, de faire un DJ set en ping pong. Ca résume bien les mélanges musicaux du Pop In : pop, folk, électro. Et Néman, le batteur de Herman Düne a monté le projet Zombie Zombie avec Etienne Jaumet, un truc complètement électro. Bref, des gens qui venaient d'univers différents se sont lancés dans des projets en commun et ça partait dans tous les sens.

    B: Il y a aussi Lilly Wood and the Prick ?
    D: Oui, ils nous ont d'ailleurs remerciés aux Victoires de la Musique. Je connaissais Benjamin [Cotto], qui venait souvent au Pop In. Je savais qu'il faisait de la musique ; il m'avait dit qu'il voulait monter un groupe et qu'il cherchait une chanteuse. Nili était ici et ils ont commencé à parler. Six mois après, Lilly Wood and the Prick était lancé.

    B&G : Leo (Bear Creek) des Pirouettes nous a aussi parlé du Pop In.
    D: Oui, il est venu très tôt voir assister à des concerts ici. Il avait 14 ans.

    B&G: Est-ce que d'autres stars, comme Pete Shelley dont on a parlé précédemment, sont venues au Pop In ?
    D: Des giga grosses stars internationales ! Le plus gros événement people qu'on ait eu, c'est à l'occasion de l'after show d'un défilé d'Hedi Slimane. Je connaissais Etienne Daho depuis l'époque où j'étais étudiant à Rennes et il venait au Pop In avec des copains, dont Hedi Slimane. Il était un peu en observation ici, il regardait comment les gens étaient lookés. C'est quelqu’un qui ne parlait pas beaucoup: il a dû venir ici pendant cinq mois sans dire un mot, juste en prenant un Perrier, et je pense qu'il trouvait des idées pour ses collections. Etienne m'a présenté Hedi. Un jour, il m'a demandé s'il pouvait faire l'after show de son premier ou deuxième défilé pour Dior. Le défilé devait avoir lieu un lundi et on a ouvert exceptionnellement [le Pop In était à l’époque fermé le lundi]. Deux semaines avant, un attaché de presse était venu nous voir, pour savoir si les invités un peu connus pourraient arriver par un autre accès que l'entrée principale. Et quand on a vu les gens « un peu » connus, on a halluciné. Il y avait Karl Lagerfeld : l'attaché de presse nous avait aussi demandé de prévoir du Pepsi Max et on savait que, dans le monde de la mode, à part Karl Lagerfeld, personne ne buvait du Pepsi Max. A l'époque, les bars étaient fumeurs et ici c'était un enfer de fumée. On pensait que Karl Lagerfeld ne tiendrait pas trente secondes. Finalement, il est resté et a dansé dans la cave [là où ont lieu les DJ sets et les concerts]. Il y avait aussi Sandra Bullock, Hugh Grant, Malcolm McLaren, Alain Chamfort, Neil Tennant des Pet Shop Boys. Etienne Daho bien sûr, Dani. Elle ne buvait que du vin rouge et avait les lèvres violettes. Elle ne voulait pas que je vide les cendriers car elle trouvait ça génial quand ils débordaient de mégots et de cendre. Et en allant ramasser des verres, je suis tombé nez-à-nez avec Elton John. Là, je me suis dit, on peut mourir tranquilles, on a vu Elton John au Pop In.

    La communauté pop indé : interview du Pop In (26 mars 2014)

    Au début du Pop In, Nicolas Sirkis d'Indochine venait beaucoup; il était d'ailleurs présent à la soirée pour fêter les deux ans du Pop In. Avec ses verres de Coca car il ne boit jamais d'alcool ! Il y a dix ans environ, Daniel Darc venait assez souvent ; il était malheureusement défoncé et un peu en mode clochard. La première fois qu'il est venu, je ne l’avais pas reconnu car j'avais toujours en tête le beau gosse de la période Taxi Girl. Son cocktail fétiche était composé d'une dose de pastis et d'une dose de cassis, et surtout sans eau et sans glaçon. Je me souviens qu'il avait une passion pour la photo et il restait deux heures à démonter des appareils pièce par pièce puis à essayer de les remonter. Il finissait par tout remettre en miettes dans un sac plastique. Parmi les groupes pop connus qui sont venus au Pop In, il y a les gens de Sigur Rós, d'Of Montreal, de Nada Surf, Laetitia Sadier de Sterelolab, Jay Mascis de Dinosaur Jr., Kid Loco, Adam Green, Emilie Simon. Saint Etienne et Sarah Cracknell aussi, qui étaient venus avec Etienne Daho après un concert au Café de la Danse. Muriel Moreno de Niagara avait fait un DJ set avec les Pop In Gays ; je crois que c'était en 1999.

    G: En 1999 aussi, je crois que les frères Gallagher sont passés au Pop In.
    D: En fait, ils jouaient au Bataclan et leur attachée de presse cherchait un endroit pour faire des interviews télés. Ils avaient retenu le Pop In car il y a plusieurs salles et que leurs décorations sont très différentes. Chaque télé pouvait ainsi dire qu'elle avait une interview exclusive à cause des fonds différents. Ça s'est passé l'après-midi vers 15h. A l'époque, on ouvrait à 17h30. Un copain est passé en vélo dans la rue Amelot et a vu les Gallagher marcher. Il a appelé d'autres copains en leur disant : « Les Oasis sont au Pop In ! ». Et une demi-heure plus tard, il y avait trente personnes devant le Pop In, dont un mec qui avait dessiné un portrait de Liam Gallagher, hyper mal fait, et lui a demandé de le signer. Ça, c'était très drôle. En revanche, les Gallagher n'étaient pas cools et pas sympas du tout, voire vraiment cons.

    B&G : Tu nous disais précédemment que beaucoup de groupes qui jouent au Pop In sont étrangers ? Est-ce que le Pop In est connu à l'étranger ?
    Suite à l'after show d'Hedi Slimane, il y a eu des pages dans des magazines de mode japonais, par exemple avec des photos où on voit une table vue de dessus avec des cendriers qui débordent de clopes, et juste une chaussure … Il y a eu beaucoup d'articles en Suède. Des étudiantes ERASMUS sont venues il y assez longtemps et la déco leur a fait penser à des bars de Stockholm, et le mot s'est passé en Suède. Les autres pays nordiques ont suivi. J'ai d'ailleurs un bon contact avec un groupe finlandais qui s'appelle Le Corps Mince de Françoise, qui a joué au Pop In. Du coup, d'autres groupes finlandais sont venus ici : Kiki Pau par exemple.

    Il y a eu aussi beaucoup de trucs avec la scène pop espagnole, notamment grâce à Christophe Basterra qui adore cette musique. Des groupes comme Astrud ont joué au Pop In. Et il y a eu des concerts de groupes de la scène travelo espagnole. La Prohibida, un travelo hyper connu en Espagne, et La Terremoto de Alcorcón, qui a eu un méga tube en Espagne, ont fait un concert ici. La Terremoto, c'est complètement fou ! C'est une grosse femme qui ressemble à un travelo sauf que c'est une  vraie femme, et elle chante avec des gars barbus mais qui sont maquillés et déguisés en femmes. Elle a fait une reprise hilarante de la chanson Hung Up de Madonna.

    B&G : Quels sont les concerts mémorables qui ont eu lieu au Pop In ? Y-a-t-il des groupes emblématiques qui ont joué ici ?
    D: Les Frank and Walters, un groupe que j'adorais, ont joué au Pop In en février 2009 . J'étais fou de joie. Je les avais rencontrés grâce à un copain irlandais à Cork.

    Il y a eu un concert de Lloyd Cole le 22 novembre 2010. Je suis encore dégoûté parce que je n'étais pas là. J'étais allé voir The Pains Of Being Pure At Heart au Glazart et un copain m'appelle à 19h30 environ : « Salut. Lloyd Cole est à Paris. Il souhaiterait jouer au Pop In. C'est possible ? ». Bien sûr, je lui réponds que c'est OK et j'apprends qu'il débarque dans trente minutes. J'ai prévenu Florence qui travaillait ce soir-là. Et il a joué devant trente-cinq personnes. On m'a raconté qu'il a évidemment fini avec Forest Fire et que tout le monde pleurait, que c'était magnifique. Je n'ai vu que les deux ou trois vidéos tournées pendant le concert.

    Dans les autres concerts marquants, il y eu Spain en mai 2012. C'était magique, leur son était pur et propre. Et en plus, ils sont adorables. Belle rencontre et beau concert !

    B&G : Pour toi, quelle est la place du Pop In dans l'univers pop indé. Vous vous voyez comme un découvreur de talents, comme un tremplin pour les groupes qui démarrent ?
    D: Clairement. Je ne veux pas faire mon fiérot mais la plupart des groupes qui jouent aujourd'hui à la Maroquinerie, au Nouveau Casino, etc, ils ont fait leur premier concert ici il y un an, deux ans, trois ans, … Lescop par exemple a joué la première fois au Pop In le 14 novembre 2011 ; et il a refait une date ici à la fin de sa grosse tournée en avril 2013.

    Toute la bande du label Kütu Folk de Clermont-Ferrand est passée ici : The Delano Orchestra, Niandra Lades, Garciaphone, ... Et un  petit nouveau prometteur : Jolakkotür. La bande de Bordeaux avec les Kid Bombardos. Le batteur avait d'ailleurs quatorze ans quand ils ont fait leur premier concert ici en octobre 2007 ; ils étaient venus avec leurs parents.

    Aline a aussi joué ici en novembre 2010. A l'époque, ils s'appelaient Young Michelin et ils portaient des pulls rayés de toutes les couleurs.

    La semaine dernière, il y a eu Bright Light Bright Light, un groupe créé par un gars, Rod Thomas, qui faisait du folk et est passé à l'électro gay, qui a sorti récemment un duo avec Elton John, qui a fait des premières parties des Scissor Sisters. Il a invité une américaine Beth Hirsch à chanter avec lui au Pop In. Elle a fait toutes les voix féminines sur l'album d'Air Moon Safari.

    Toute la bande de KIM avait organisé une soirée Craignos Cabaret, avec des faux artistes : Béton Plastique (un faux groupe de banlieue), Jean-Pierre Fromage, Maximum Cagole, ...

    B&G : La programmation te prend apparemment beaucoup de temps. Tu t'en occupes tout seul ?
    D: Oui je m'en occupe tout seul. Jusqu'à il y a deux ans, Nico alias GTM m'aidait beaucoup car il avait pas mal de contacts avec les scènes musicales. Il s'occupe encore de Pop In Records et surtout du Festival Yeah ! qu’il a monté l’année dernière avec Laurent Garnier. Au niveau du planning, il faut être très organisé.

    B&G : Actuellement, quels sont les artistes français que tu apprécies particulièrement ?
    D: Wilfried (Wilfried Paris), O (Olivier Marguerit), Petit Fantôme, les Pirouettes, Moodoïd, Destin, Garçon d'Argent, La Femme, Orval Carlos Sibelius. Et le dernier album d'Etienne Daho est sublime.


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